Pour
retrouver un budget de l'Etat exécuté en équilibre, il faut remonter à
1973. Et pour un plan de redressement efficace, à 1958..
Jusqu’en
1983, “redressement”, ou “rigueur budgétaire”, signifiait
principalement “dévaluation” de la monnaie : 17 entre 1928, y compris la
dernière, assumée par François Mitterrand. Le moyen le plus commode
pour restaurer la compétitivité de notre économie, grignotée chaque
année par l’inflation et l’augmentation des salaires au-delà de la
productivité. Nos exportations, à chaque fois reprenaient un peu de couleur, mais les épargnants voyaient fondre leur patrimoine. Il est vrai qu’à cette époque les épargnants les plus avisés, par millions, avaient mis leur bas de laine sur un compte numéroté en Suisse… |
Quand
le général de Gaulle revient aux affaires, en juin 1958, dernier
Président du Conseil de la IVème République, il réalise en quelques mois
un plan de redressement, inspiré par Jacques Rueff et exécuté par
Antoine Pinay, qui, à ce jour, constitue encore un modèle du genre. Par
la rapidité de son élaboration, moins de trois mois ; par sa radicalité :
on est passé, par des coupes sombres, d’un budget déficitaire en 1958, à
un projet de Loi de finance excédentaire dès 1959 ! Les réformes de structure étaient nombreuses : interdiction de toute indexation (des prix, des salaires, des pensions…), suppression de toute avance de la Banque de France au Trésor public… |
En
quelques mois, et malgré ( ou à cause de…) sa rigueur, les résultats du
Plan de redressement étaient incontestables… Il est vrai qu’il avait
fallu, une fois de plus, dévaluer le franc, au moment de son passage au
Nouveau franc…Très vite, nous commencions à rembourser nos dettes
extérieures… |
Cette
politique budgétaire orthodoxe fut maintenue jusqu’en 1973, quand le
Président Pompidou, gravement malade, dit à son ministre des finances
Valery Giscard d’Estaing “n’inquiétez pas les Français”... |
Depuis
cette date, aucun budget de l’Etat n’a été présenté et exécuté en
équilibre ! C’est sur ce point le funeste héritage de cette période de
la fin du mandat de Georges Pompidou : ne jamais inquiéter les Français,
leur donner à croire que L’Etat protecteur peut les protéger de tout
choc extérieur, comme on l’a encore vue récemment avec le
“quoi-qu’il-en-coûte” de la période Covid… L’Etat-providence est
toujours, en France, cette illusion qui nous fait croire que “les
autres” peuvent payer pour chacun… |
Or,
endettement et souveraineté sont antinomiques. Pas de politique
étrangère autonome, autre que verbale, sans solidité monétaire (assurée
avec l’euro depuis 1999), et solidité budgétaire, dévoyée depuis
cinquante ans ! |
Même au plan intérieur, le déficit budgétaire affaiblit chaque année un peu plus notre économie. - Le service de la dette est devenu le deuxième poste de dépenses publiques, après le mammouth de l’Education nationale… |
-
L’épargne française, qui finance de l’ordre de la moitié de cette
dette, est détournée à due concurrence de placements et
d'investissements plus productifs et porteurs d’avenir. |
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Le niveau excessif des prélèvements obligatoires qu’il entraîne, fait
fuir à ‘étranger nos meilleurs éléments, jeunes diplômés et start-up
prometteuses… |
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C’est un boulet qui pèse non seulement sur les acteurs économiques,
mais aussi sur la croissance, et finalement sur la compétitivité. D’où
le déficit grandissant de notre balance commerciale… |
Pas de candidat en vue pour le redressement financier de la France… |
La
contrepartie de cette situation pourrait être la paix sociale, achetée à
coup de subventions, à tout le monde (entreprises, associations,
particuliers…).., mais c’est exactement le contraire qu’on a sous les
yeux. Comme si l’Etat-providence n’en faisait jamais assez ! Comme si,
comme disent les communistes, et leurs compagnons de route, anciens ou
néo, “de l’argent, il y en a, il faut juste savoir le prendre”... Les moutons ne sont jamais assez tondus… Toute occasion est bonne pour pousser les revendications salariales dans le secteur public : pour avoir une chance de mener à bien son projet grandiose de Jeux Olympiques à Paris, le gouvernement doit, encore une fois, passer sous les fourches caudines des syndicats coalisés… |
Emmanuel Macron a dit: |
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Il ne faut donc pas compter sur lui pour redresser vraiment nos comptes publics avant 2027. Rien n’indique que ce sera l’un des enjeux majeurs des prochaines élections présidentielles… |
Le
redressement majeur de 1958 avait été rendu possible par la trouille de
la classe politique d’un coup d'État militaire en mai 1958, ce qui
avait provoqué le recours au général de Gaulle. Soit une secousse du même ordre survient, dans les années à venir, soit le FMI s’occupera de nous, comme il s’est occupé de la Grèce - et bien, d’ailleurs - en 2010 ! |
Alain Dumait |
(Thème déjà plusieurs fois traité dans cette publication. Pour accéder à tous nos articles déjà parus, c’est ici) |

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